ENVIRONNEMENT : GARE AU FRELON, TUEUR D’ABEILLES…
La filière apicole de Lorraine est sur les dents : le frelon asiatique s’acclimate dans la région. Un plan d’action est en cours d’élaboration pour tenter de tuer dans l’œuf ce début de colonisation.
Ce ne sont que quatre ouvrières, mais leur découverte la semaine dernière dans l’agglomération nancéienne est la preuve que Vespa velutina a posé ses bagages et sa sinistre réputation dans la région. Rien de plus logique hélas puisque deux nids avaient déjà été trouvés en Lorraine l’année dernière.
Ces quatre spécimens trahissent la présence d’un autre logis situé quelque part dans le bassin de Nancy. Une structure volumineuse de papier mâché et de cellulose qu’il faut trouver en urgence pour éviter que ce péril jaune s’installe dans la durée.
La menace est prise très au sérieux par les apiculteurs dont les butineuses souffrent, entre autres, des effets de la chimie phytosanitaire, du varroa (un parasite lui aussi débarqué de Chine) ou des retombées du réchauffement climatique. Bref, l’envahisseur asiatique est pour la filière apicole un fléau de plus car, contrairement au frelon européen, il voue une prédilection pour les abeilles domestiques qu’il intercepte lorsqu’elles rentrent du boulot en se positionnant à plusieurs en vol stationnaire devant la ruche. Une fois capturée, la proie est lardée et transformée en boulettes pour nourrir les larves du prédateur.
Après la trouvaille d’un premier nid en Moselle, le Groupement de défense sanitaire apicole (GDSA) avait déjà sonné le tocsin. « Du stade de la prévention nous sommes passés à celui du plan de surveillance et de lutte », explique Antoine Vallet, technicien en charge du dossier à l’antenne lorraine de la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon), basée à Pixérécourt près de Nancy.
Une vingtaine de sentinelles en Lorraine.
Comme la bestiole est classée en « danger sanitaire de 2e catégorie » par l’État, c’est à la filière apicole et non à l’administration de se charger du problème… Faute de moyens techniques, le Gdsa s’est alors tourné vers la Fredon et son retour d’expérience pour bâtir un réseau de bénévoles capables d’identifier formellement l’animal et surtout son nid. « L’objectif du plan d’action est de disposer de 2 référents et d’une vingtaine de sentinelles dans les 4 départements lorrains », poursuit ce spécialiste. Il suffira ensuite de repérer les nids pour les détruire. Mais pas fou le frelon : il construit son repaire très haut dans les arbres, bien caché à l’abri du feuillage.
En cas de découverte, toute la question est de savoir qui intervient et à quel prix. « Nous allons rencontrer les pompiers du SDIS 54 le 5 octobre prochain pour leur suggérer d’agir gratuitement sur le domaine public et uniquement à la demande du référent », souligne Claude Balland, apiculteur à Tonnoy et président du Gdsa. Chez les particuliers, le problème est différent : « une personne qui a un nid chez lui et qui n’a pas de rucher risque de laisser faire, d’autant que l’intervention d’une société privée spécialisée n’est pas donnée… ».
Désormais acclimaté en Lorraine, Vespa velutina n’a pas fini d’empoisonner les apiculteurs et leurs petites ouvrières.
Patrice COSTA